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Vuye en Wouters in Le Soir: België is aan het vervlaamsen

Veerle Wouters en Hendrik Vuye hebben het in de weekendeditie van Le Soir (30-31 mei) over N-VA, transfers, de zesde staatshervorming, de tax shift en nog veel meer. Het interview ging niet ongemerkt voorbij.
Twee hoogtepunten. Veerle over transfers: 'Vlamingen hebben het democratische recht te weten wat Wallonië aanvangt met de gelden'. En op de vraag of de N-VA aan het 'verbelgiciseren' is, antwoordt Hendrik: 'Het is niet N-VA die aan het 'verbelgiciseren' is, maar wel België dat aan het vervlaamsen is. Wij leggen aan België de economische recepten op van N-VA'.
Journalist Dirk Vanoverbeke stelt in zijn analyse van het interview: 'Les naïfs qui rêvaient d'une N-VA adoucie par sa présence aux premières loges du fédéral en seront pour leurs frais'. Inderdaad, N-VA is niet veranderd. N-VA blijft wat N-VA steeds is geweest: een Vlaams nationale gemeenschapspartij die verantwoordelijkheid opneemt.
Het interview bestaat uit drie delen. Veel leesplezier
Deel 1: Over de N-VA en België
Le Soir: La N-VA en voie de belgification? La question les fait rire. Pour eux, grâce aux recettes gouvernementales, c'est plutôt la Belgique qui se flamandise. La N-VA a un double programme: socio-économique et communautaire. Ce volet est-il vraiment mis au congélateur?
Hendrik Vuye: Jusqu'en 2019, oui.
Le Soir: En 2019, vous vous présenterez avec un programme communautaire…
H.V. On ne va pas reprocher à la N-VA de ne pas réaliser, en un coup de cuillère à pot, la totalité de son programme! En Belgique, dans notre système proportionnel, c'est impossible. Nous concrétisons une partie importante de notre programme. Un jour, oui, nous réaliserons aussi l'autre partie, le volet communautaire. J'en suis convaincu.
Le Soir: Ce volet, c'est l'autonomie de la Flandre?
H.V. Quand vous parlez d'autonomie, vous évoquez l'idée d'indépendance. C'est une question dépassée. On n'est plus au XIXe siècle. Aujourd'hui, il y a de nombreux niveaux de pouvoir, comme l'Europe, l'Otan, le Benelux… Certains de ces niveaux gagnent des compétences, parallèlement aux entités fédérées. La Belgique est-elle vraiment devenue plus importante ces 50 dernières années? Bien sûr que non. A chaque réforme de l'Etat, elle s'évapore un peu plus, en abandonnant ses compétences aux entités fédérées ou à l'Europe, en matière de souveraineté budgétaire, par exemple. Un processus irréversible. Une évolution, pas une révolution.
Le Soir: La N-VA, orpheline de son programme communautaire, ne serait-elle pas en train de se belgifier? A lire les propos tenus dans nos colonnes par Wouter Beke, le président du CD&V, ce gouvernement a permis de pérenniser le paiement des pensions des Belges. Wallons et Bruxellois compris. Grâce à la N-VA, un parti indépendantiste. Paradoxal?
H.V. Ne vous inquiétez pas. Nous assistons plutôt à une flamandisation du niveau belge. On impose à la Belgique la politique libérale de la N-VA et des autres formations flamandes de la majorité.
Le Soir: Mais, en même temps, vous êtes en train de démontrer que la Belgique, dont vous rêvez de la disparition, peut fonctionner, non?
H.V. Pas du tout. Nous ne démontrons pas que la Belgique fonctionne, mais bien que les recettes flamandes fonctionnent. C'est très différent. Je ne comprends d'ailleurs pas la question. Sous le gouvernement précédent, ce pays fonctionnait avec un déficit démocratique dans le groupe néerlandophone qui était minoritaire. Aujourd'hui, il se situe dans le groupe francophone et est beaucoup plus important. Un pays dirigé grâce à un déficit démocratique, quel paradoxe! Cela prouve bien que ce pays ne fonctionne pas. Jusqu'à nouvel ordre, la Flandre fait encore partie de la Belgique et de nombreuses compétences se situent toujours à l'échelon fédéral. Vous voudriez que la N-VA abandonne ce niveau au PS? Tant que les leviers socio-économiques y resteront logés, nous nous intéresserons au niveau fédéral.
Veerle Wouters: Et puis, n'oubliez pas que notre action à l'échelon fédéral est positive pour la Flandre.
Le Soir: C'est votre grande crainte, un retour du PS?
H.V. Nous ferons tout pour l'éviter.
V. W. Les Flamands pensent autrement que les Wallons. J'habite à côté de deux frontières, celles des Pays-Bas et de la Wallonie. Les mentalités, la manière d'envisager l'avenir, tout y est radicalement différent.
H.V. Depuis l'instauration du suffrage universel, en 1893, Wallons et Flamands votent aussi très différemment.
Le Soir: Les partisans du maintien de la Belgique pointent l'enrichissement généré par ce brassage de deux cultures, de deux démocraties. Vous n'êtes pas d'accord?
H.V. Non.
V.W. Dans ce système, il faut sans cesse nouer des compromis. Ce qui rend la gestion politique très difficile.
H.V. L'attitude des Belges est étrange. Ils applaudissent au compromis, comme s'il était la meilleure des solutions. C'est rarement le cas. Compromis après compromis, le système est devenu dépensier, complexe, superposant des structures inutiles, des provinces qui ne servent à rien, un Sénat qui ne sert à rien…
Le Soir: Vous craignez qu'un retour du PS aux affaires ne détricote les mesures décidées? Elio Di Rupo vient d'affirmer que son parti reviendrait sur l'allongement de l'âge de la retraite à 67 ans…
H.V. (Ironique.) C'est très bien. Qu'il continue. Excellent message: la Flandre appréciera. Elle apprend à connaître le vrai visage du PS. Comme Laurette Onkelinx, déchaînée au Parlement lors de la déclaration gouvernementale. J'avais presque envie d'applaudir.
Le Soir: Votre chef de file au gouvernement, Jan Jambon, soulignait récemment que les critiques de la N-VA à l'égard des transferts nord-sud n'étaient qu'une simple opération de marketing politique. A défaut de se belgifier, votre parti devient moins radical, non?
H.V. Ces transferts restent un énorme problème. On parle ici de 7 à 8 milliards d'euros. Ce qui interpelle, c'est que malgré cela, les chiffres de pauvreté en Wallonie et à Bruxelles sont inquiétants. Un enfant sur quatre vit en Wallonie sous le seuil de pauvreté. A Bruxelles, c'est un sur trois. On peut se poser légitimement la question de savoir à quoi et à qui servent ces transferts.
V.W. Les Flamands se demandent ce que les Wallons font de cet argent…
H.V. La Wallonie a parfaitement le droit de voter à gauche. Mais alors, elle doit en assumer les conséquences.
Deel 2: Tax shift en besparingen in de werking van de sociale zekerheid
Le Soir: Votre président, Bart De Wever, ne veut pas que la prochaine réforme fiscale s'en prenne à l'immobilier, au patrimoine et aux voitures de société. La N-VA souhaite-t-elle vraiment réaliser le fameux tax shift?
V.W. Ce tax shift ne peut devenir une «tax lift»: pas question d'une hausse d'impôt. Les trois impôts où l'on peut intervenir pour diminuer la fiscalité qui pèse sur le travail sont connus: la consommation, l'écofiscalité et les revenus du capital. Mais il faut être très prudent. Prenons le scénario d'une taxe sur la consommation, via la TVA, par exemple. Cette piste augmentera immanquablement la facture de certains citoyens, comme les pensionnés. Il faudra donc trouver un autre mécanisme pour gommer cette hausse de la fiscalité.
H.V. Les déclarations de Bart De Wever ne contredisent pas cette vision des choses. Il n'est pas question de revenir sur la déduction fiscale pour les voitures de société. Cet avantage fait partie de la masse salariale. Les bénéficiaires ont été trompés une première fois sous le gouvernement Di Rupo. Pas question de les tromper une seconde fois. Pas question non plus d'augmenter la fiscalité immobilière parce qu'elle touchera la classe moyenne. Quant à l'impôt sur le patrimoine, on parle ici de l'imposition sur les plus-values. Là encore, il faut être prudent, se méfier de sa volatilité et savoir comment compenser le mécanisme en cas de perte. Techniquement, l'opération sera donc très compliquée. Et elle s'étalera sur plusieurs années. Mais on peut dégager les grands principes avant l'été.
Ce tax shift devra en tout cas baisser les impôts. Nous en payons trop en Belgique, le bien-être des Belges est confisqué à hauteur de 53%. La discussion sur le tax shift remet une fois de plus en lumière l'importance de faire des économies. Pour la N-VA, il faut mettre sur la table le fonctionnement et l'organisation de la Sécurité sociale.
Le Soir: Une telle initiative ne sera pas du goût du CD&V…
H.V. Mais il n'est pas question de toucher aux allocations sociales! On veut réaliser un bénéfice sur une réorganisation du système, sans toucher aux citoyens. Qui peut s'opposer à une telle opération? Pourquoi faudrait-il gaspiller de l'argent? En revoyant par exemple le rôle des mutuelles?
H.V. Commençons par une analyse objective de la situation pour identifier les économies possibles.
V.W. Il y a trop d'étapes dans le système: il doit être possible d'en supprimer pour le rendre plus efficace.
H.V. Les Belges paient beaucoup plus d'impôts que les autres citoyens européens et reçoivent beaucoup moins en retour. Il y a un problème d'efficacité. On peut réaliser des économies sans faire mal aux gens.
Deel 3: De institutionele kakofonie of de zesde staatshervorming
Le Soir: Liesbeth Homans (N-VA) s’est opposée à la récente mission au Japon du Premier ministre et du ministre de l’Emploi Kris Peeters, en rappelant que la compétence du Commerce Extérieur était exclusivement régionale. Vous l’approuvez ?
H.V. Cette mission a été décidée sous la législature précédente, après un avis négatif des régions. A un moment où Kris Peeters était encore ministre-président flamand. C’est une casserole du passé. Le Commerce extérieur est une compétence entièrement régionalisée. Dans l’accord du gouvernement, il est stipulé que dans ce type de missions, le gouvernement doit jouer un rôle de coordination. Rien de plus. Nous y veillerons.
Le Soir: Le même Kris Peeters a défini cette dernière réforme de l’Etat comme une révolution copernicienne, déplaçant le centre de gravité du fédéral vers les Régions. Votre parti s’y est toujours opposé. Pourquoi ?
H.V. J’ai toujours dit, avant même de me porter candidat à la N-VA que l’unique point positif de cette sixième réforme, c’est qu’elle annonçait la septième. Le morcellement de compétences qu’elle a généré, c’est ingérable et cela pose un réel problème d’efficacité.
V.W. Depuis sept mois que nous sommes dans ce gouvernement, nous sommes confrontés à ces difficultés dues à la complexité de la Réforme de l’Etat. C’est une véritable cacophonie. La dernière réforme accorde aux régions la compétence de toutes les règles en matière de location. Ce qui suppose donc qu’elles sont compétentes en matière d’indexation des loyers. Or, il apparait, selon le Conseil d’Etat, que l’Etat fédéral est également compétent sur la base de sa compétence en matière de prix et revenus. Comment peut-on parler d’efficacité lorsqu’une même compétence est partagée par deux niveaux de pouvoir ? Et on pourrait multiplier ces constats, en matière de Justice, de pensions,…
H.V. Mais en même temps, la bonne nouvelle, c’est que ces dysfonctionnements sont devenus le catalyseur d’une prochaine réforme de l’Etat. Elle s’avère indispensable. En attendant, nous serons un partenaire loyal. Nous avons accepté de travailler dans le cadre de l’actuelle réforme de l’Etat. Mais que l’on cesse de la comparer à une révolution copernicienne.